Levada da Ribeira da Janela

Nous avions prévu de faire une nouvelle randonnée ce matin mais on démarre un peu tard de la maison. On décide alors de faire la rando cet après-midi et de se balader dans les villages de la côte nord avant d’aller au resto.

Balade à Porto Moniz et Seixal

Ces deux bourgades sont incommodément installées au pied de la montagne, sur des coulées de lave, et bordées par l’océan. Le fracas des vagues, le noir des roches volcaniques, les falaises abruptes rendent cette côte intrigante et assez inhospitalière à première vue. C’est aussi beau que brut et sauvage. L’exode rural a frappé ce coin de l’île, les villages sont calmes, peu peuplés, comme endormis. Même un dimanche, les piscines naturelles façonnées dans la lave sont presque désertes.

La cascade du voile de la mariée, qui se jette dans la mer

Pour déjeuner, il faut gravir une petite route sinueuse et étroite afin d’atteindre le graal : la Casa de Pasto Justiniano. Un petit resto qui ne paie pas de mine mais réputé pour ses brochettes de bœuf au feu de bois sur branche de laurier, que le serveur suspend à une chaîne au-dessus de la table. C’est divin mais, d’après Axel qui est parti pour nous faire un classement des meilleures brochettes de Madère, elles ne sont pas aussi bonnes que celles du Cabo Aéreo Café à Santana.

C’est le ventre bien plein que nous repartons vers Porto Moniz pour aller au départ de la levada da Ribeira da Janela. Elle est classée parmi les plus belles randos de Madère.

Randonnée sur la Levada da Ribeira da Janela

Le début est assez exposé au soleil et fleuri, puis on s’enfonce petit à petit dans la forêt de lauriers et eucalyptus. Les parois se couvrent alors de végétation : plantes grasses, fougères, mûres et fraises sauvages… tout pousse dans cette terre volcanique riche et fertile. L’ombre s’intensifie sous le couvert des arbres mais des trouées laissent apercevoir la côte au loin et la vallée toute verte en bas.

Les gorges verdoyantes de la Ribeira da Janela

Le guide Rother annonce une randonnée de 12 km en aller-retour mais au panneau de départ, il est indiqué que le chemin est fermé à 3,5 km. En réalité, il n’est vraiment interdit qu’à 4,5 km du départ, juste avant le premier tunnel ; nous faisons donc 9 km au lieu de 12 et c’est déjà bien car on commence à fatiguer à enchaîner les randos ! L’avantage qu’elle soit annoncée comme fermée, c’est que nous ne croiserons quasiment personne.

Pour détendre les jambes, rien de mieux qu’une course de boudins dans la piscine (je parle des trucs gonflables, pas de mes hommes 😅).

Levada das 25 Fontes & levada do Risco

Je ne vous fais pas d’article sur la journée d’hier, qui pourrait s’appeler « la journée de la loose » ! Nous sommes partis vers 10h, sous le soleil et 22°, pour nous retrouver quelques minutes plus tard en montagne, dans un brouillard dense avec des rafales de vent à 80 km/h et seulement 12°. On a même dû mettre le chauffage dans la voiture ! Pas possible de randonner dans ces conditions cataclysmiques (j’exagère à peine). Nous avons alors eu l’idée de faire un tour sur la côte nord. Mauvaise idée, c’était sous les nuages et ça caillait ! On ne se voyait pas sortir le pique-nique avec ce temps, donc on a repris la route pour 25 minutes vers un bon resto que j’avais repéré sur Tripadvisor. Devinez ? Il était fermé ce jour-là ! Y’a des jours comme ça…

Résumé de la journée d’hier !

Ce matin, le ciel est bien dégagé, même sur les hauteurs. On remet le pique-nique dans le sac à dos et on reprend le chemin d’hier, sous le soleil cette fois ! Direction Rabaçal et sa célèbre randonnée à 2 embranchements qui mène au bassin des 25 sources d’un côté et à la cascade do Risco de l’autre. Arrivés au parking, le beau temps semble bien installé et il n’y a pas foule.

La randonnée fait 10 km en tout et débute par une petite route bitumée de 2 km sans intérêt et toute en pente (faudra tout remonter au retour !).

Le chemin devient plus intéressant par la suite. On choisit d’aller d’abord à la cascade do Risco (la cascade du danger). Son débit est relativement limité à cette saison mais, fine et puissante, elle en impose par sa hauteur. De l’eau coule de toutes les parois autour. L’environnement est bucolique à souhaits.

Nous faisons demi-tour pour reprendre l’embranchement vers le bassin das 25 fontes. Après une descente bien raide et assez longue (qu’il faudra encore une fois remonter !), puis un escalier en montée, le chemin suit une levada donc on est quasiment à plat. Sauf que Laurent trouve un autre sentier qui, d’après son GPS, est beaucoup plus court. Oui mais ça monte !! Comme je suis la seule à vouloir prendre le chemin, certes plus long mais à plat… ben on monte !

Et on arrive dans une sorte de cirque rocheux pas très grand, avec des parois verticales rougeoyantes où s’accrochent les fougères et d’où coulent plein de petites chutes d’eau.

En voyant ces photos, vous vous dites que nous sommes seuls au monde dans ce beau décor digne d’une pub pour Tahiti douche !

Mais pas du tout… voici l’envers du décor :

Le plus insupportable ce sont les gens qui se prennent en photo dans toutes les poses possibles, y compris les plus ridicules, et qui restent 1 heure devant la cascade en faisant ch**r tout le monde. T’as juste envie de les pousser à l’eau !!! Et quand on voit le monde qu’on a croisé au retour, on se dit qu’on a bien fait de commencer la rando pas trop tard !

Il n’y a plus qu’à remonter les 400 mètres de dénivelé !

La pause pique-nique donne l’occasion de se reposer un peu avant de remonter la route goudronnée. Il y a une navette qui fait la liaison entre le parking et le début du chemin à la Casa do Rabaçal et, honnêtement, vu le peu d’intérêt de cette portion et la pénibilité de la remontée en plein soleil, ça peut valoir le coup de la prendre.

Nous avons mis 3 heures pour faire les 10 km (environ 4 km jusqu’au bassin des 25 fontes et 1 km supplémentaire pour la cascade do Risco, le tout en aller-retour).

On fait un détour jusqu’à Ribeira Brava par une belle route de montagne pour aller faire des courses (on n’a pas trouvé tout ce qu’on voulait au Pingo Doce de Calheta ; je n’aime définitivement pas cette enseigne qu’on avait déjà expérimentée au Portugal), puis la journée se termine comme celle d’hier et d’avant-hier : à la piscine !

Petit extra ce soir. C’est samedi, on sort au Pukiki tiki bar !

Câmara de Lobos & Cabo Girao

Aujourd’hui, nous quittons notre bel appartement de Funchal pour une maison que nous avons louée à Calheta. Seulement 40 minutes de route séparent les deux villes, alors nous prenons le chemin des écoliers.

Camara des lobos

Notre premier arrêt est pour Câmara de Lobos, qui signifie « la chambre des loups ». Les premiers explorateurs ayant découvert dans la baie une colonie de phoques moines, aussi appelés loups marins, choisirent de baptiser la ville ainsi. Le port est tout mignon avec ses barques colorées, ses petites maisons perchées sur la falaise, sa chapelle et les bananeraies qui couvrent la montagne au-dessus.

La ville est très portée sur le recyclage et la sensibilisation à l’utilisation de matériaux non polluants. Des « tableaux » en canettes métalliques et des œuvres faites à partir de déchets plastiques ornent les murs de la rue principale et le port. Je trouve que c’est super bien fait et que c’est une excellente manière de faire passer le message.

Après avoir pris une prune pour stationnement non payé (on n’a pas vu les horodateurs !), nous continuons vers l’ouest pour atteindre Cabo Girao. Il s’agit de l’une des plus hautes falaises du monde, rien que ça (c’est le panneau d’accueil qui le dit).

Cabo Girao

Une passerelle de verre permet de se placer au-dessus du vide pour voir les jardins à la base de la falaise (les ouvriers y descendent en téléphérique). C’est vertigineux et époustouflant comme panorama !!! Mais quelle idée bizarre d’être allé mettre ces cultures en bas… pas très pratique d’accès !

Pour déjeuner, on se pose sur la terrasse d’un petit resto en bord de mer. On voulait goûter à l’espada à la banane. C’est fait ! Et c’est très bon !

Le reste de l’après-midi est consacré à l’installation dans notre nouvelle maison et à la détente !

Funchal, Eira do Serrado et Curral das Freiras

Ce matin, c’est grasse matinée. Les vacances c’est aussi fait pour se reposer !

En fin de matinée, Laurent et moi partons pour une balade. L’appartement que nous louons est situé à l’est de la vieille ville, à 20 mètres de la mer et de la « plage » de Barreirinha. Idéal pour découvrir Funchal tranquillement.

J’ai mis « plage » entre guillemets car Madère n’est pas du tout une destination balnéaire. Il y a très peu de plages de sables. La plupart sont constituées de gros galets ou parfois d’une dalle de béton. Pas hyper glamour ni très confortable !

Le quartier Santa-Maria à Funchal

La « plage » au pied du fort

Le quartier Santa Maria est réputé pour ses portes peintes. Celle-ci représente justement le fort situé juste à côté :

Le marché, animé et coloré

Le temps est un peu couvert depuis ce matin. Après un bon burger à la terrasse du Barreirinha Bar Café, nous hésitons sur le programme de l’après-midi. J’avais prévu d’aller à Curral das Freiras et au point de vue d’Eira do Serrado mais je crains qu’on ne soit dans les nuages car c’est en altitude. On tente quand même.

Le belvédère d’Eira do Serrado

En route, nous traversons effectivement les nuages, les essuie-glaces se mettent en marche, mais finalement nous les dépassons et nous retrouvons au soleil, au-dessus des cumulus qui tentent de gagner du terrain mais restent bloqués par la montagne.

Le mirador d’Eira do Serrado est à 1095 mètres et offre une vue stupéfiante sur les villages nichés dans le cirque formé par de hautes montagnes qui semblent infranchissables. Le village de Curral das Freiras a été le refuge des nones de Funchal qui ont fuit les pirates au XVIe siècle. Vu l’isolement du village et les voies d’accès à l’époque, elle ont dû y trouver la tranquillité qu’elles recherchaient !

On distingue bien les cultures en terrasses, les poios typiques de Madère.

Le mirador d’Eira do Serrado vu depuis Curral das Freiras en bas :

L’église de Curral das Freiras

Le quartier de Monte à Funchal

De retour à Funchal 15 minutes plus tard, nous sommes de nouveau sous les nuages ! On fait un tour dans le quartier de Monte. Il y a ici un beau jardin tropical à visiter mais ça ne nous emballe pas trop les jardins… Par contre l’église est jolie.

Au pied de l’église partent les carreiros. Ce sont des traîneaux en bois et osier manœuvrés à l’aide de cordes par deux conducteurs. Le but du jeu est de dévaler les rues dont la pente peut atteindre 30%, voire davantage. La pente des routes ici est parfois ahurissante ! Ça doit être assez marrant mais un peu attrape touriste…

Levada do Caldeirao verde

L’une des randonnées les plus populaires de Madère.

A Madère, la majorité des itinéraires de randonnées suivent des canaux (les levadas) qui permettent à l’eau de s’écouler des montagnes vers les zones plus sèches en contrebas. Beaucoup servent à l’irrigation des cultures et certaines sont utilisées pour produire de l’électricité. Les plus anciennes levadas datent du XVe siècle. Et quand on voit certains passages abruptes, à flanc de montagne, on imagine la rudesse des conditions de construction de ces canaux.

Dans le guide Rother, la levada do Caldeirao verde (n°28) et la levada do caldeirao do inferno (n°29) qui se fait à la suite, font partie du Top 5 des randos à faire à Madère.

Nous commençons la randonnée à 10h45, depuis le parking du parc forestier das Queimadas. Il ne coûte que 2,5€ la journée, pourtant certains se garent sur la route étroite pour ne pas payer…

Du début à la fin de la rando, on marche le long de la levada do Caldeirao verde, sous le couvert des arbres (cèdres, hêtres, lauriers, bruyères…), entourés d’une végétation luxuriante laissant parfois apercevoir la côte nord ou une cascade. De l’eau ruisselle le long des hautes parois et des plantes, on se mouille la tête et les pieds. Ce parcours est d’une beauté sauvage magnifique. On se croirait dans la jungle ! Dépaysement assuré !

L’itinéraire est ponctué de 3 tunnels qui nécessitent d’être équipé d’une lampe. Certains passages étant étroits et bas, il faut faire attention à la tête et aux pieds pour éviter de s’assommer ou de marcher dans les flaques et la boue. Axel n’a pas assez baissé la tête et s’est pris une pierre qui dépassait du plafond. Heureusement qu’il avait sa casquette pour limiter les dégâts !

Le chemin qui suit la levada est souvent réduit au simple rebord du canal, qui parfois n’excède pas 30 centimètres. Autant dire qu’il est difficile de se croiser ! Il faut faire marche arrière ou se coller à la paroi pour laisser passer des gens. Mieux vaut aussi ne pas trop souffrir de vertige car l’abîme n’est jamais loin. On a vu une dame, qui faisait partie d’un groupe, arriver toute tremblante au Caldeirao verde ; je ne sais pas comment elle a réussi à faire le retour qui s’effectue par le même chemin !

Le chemin le long de la paroi et le vide en dessous
Le Caldeirao verde (chaudron vert) et sa cascade de 100 mètres de haut

Après le pique-nique, nous décidons de ne pas poursuivre jusqu’au Caldeirao do inferno. Cela représente presque 5 km de plus avec un dénivelé et des tunnels encore plus étroits et bas que ceux déjà traversés. Axel et moi ne sommes pas chauds ! D’ailleurs, sur le retour, les douleurs de dos commencent à apparaître, les mollets tirent et les cuisses chauffent ! 3 jours de marche, après des mois de confinement nous ayant poussés à l’inactivité, c’est trop pour nos muscles peu entraînés !

Pour se remettre de ces 13 km de marche (sans dénivelé) avalés en 4 heures, rien de tel qu’une petite douche et une bonne poncha maison ! El Rei da poncha nous a séduits le premier soir alors on retourne y goûter pour voir si elle est toujours aussi bonne 🙂 Et on confirme, elle est toujours excellente, tout comme leur Nikita ananas… 😋