Le parc national de Krka

Allez, je suis sympa, je vous aide un peu sur la prononciation des noms croates. Krka se prononce plus ou moins keurka. Facile !

Aujourd’hui, j’avais prévu une journée cool avec plage le matin, piscine à l’hôtel et balade en fin de journée à Sibenik. Sauf que la météo n’est pas clémente avec nous et il devrait pleuvoir durant 2 jours alors que nous avons prévu de visiter les deux parcs nationaux les plus réputés de Croatie. Donc on avance le programme d’une journée et, après un petit-déjeuner sur la plage de Drvenik, on part découvrir le parc de Krka.

Pour tout vous dire, on galère un peu sur la route au niveau de Makarska. C’est complètement bouché et on perd 30 minutes dans les bouchons sous une averse. Lorsqu’on arrive à l’entrée du parc de Krka, il est presque 13h. On achète un hot-dog et je demande à la serveuse si la file d’attente en face est pour acheter les tickets pour entrer dans le parc… réponse positive de la serveuse qui ruine mes espoirs d’avoir le temps de visiter les différents sites, distants de plusieurs dizaines de kilomètres. Elle m’indique un guichet réservé aux tours-opérateurs en me disant que je peux tenter ma chance. C’est ce que je fais et ça marche ! La dame au guichet me dit qu’elle est dédiée aux agences de voyage mais qu’elle peut me vendre des billets si je veux. Ben un peu que je veux !!! Vue la queue au guichet grand public, je pense que j’ai récupéré les 30 minutes perdues à Makarska !

Krka est un parc national très étendu le long de la rivière éponyme. La zone la plus réputée et fréquentée est Skradinski buk. Comme il y a beaucoup de monde ce midi pour entrer à Skradinski buk, j’opte pour une stratégie qui consiste à aller d’abord au monastère de Krka, à 40 minutes de route, puis aux chutes de Roski slap, et enfin terminer par le plus spectaculaire à Skradinski buk où est notre hôtel. On espère ainsi éviter la foule.

On part donc avec nos hot-dog, après avoir bien remercié notre serveuse. Je vous met une petite carte du parc pour illustrer notre parcours (lieux entourés en rouge).

Les abords du parc ne sont pas très engageants. Les villages sont tristes, beaucoup de maisons sont abandonnées, certaines portent des impacts de balles, d’autres sont habitées mais brutes de parpaings ou de briques. Seul le village de Skradin est mignon.

Première étape : le monastère de Krka

D’après le guide du Routard, ce monastère orthodoxe serbe du XIVe siècle est l’un des plus beaux de Croatie. Allons vérifier cela…

Je suis bien incapable de vous faire un laïus sur tous les conflits qui se sont déroulés ici mais je sais que la rivière Krka a, de tout temps, été une ligne de démarcation naturelle et une zone de résistance où se sont affrontés romains, byzantins, ottomans et vénitiens, puis orthodoxes, catholiques et musulmans. En témoignent les nombreux vestiges de forteresses médiévales qui subsistent sur les falaises. Le monastère de Krka a fait l’objet de nombreux conflits et a été détruit à plusieurs reprises. Difficile à croire tellement la vie semble s’écouler paisiblement aujourd’hui dans ce lieu de recueillement entouré de vignes.

A notre arrivée, une guide du parc national nous propose une visite guidée comprise avec nos billets. La visite est en anglais et nous ne comprenons pas tout à l’histoire du monastère. Nous visitons d’abord l’église de style byzantin, puis les catacombes romaines situées juste en-dessous. L’église du XIVe ayant été ruinée par les Turcs, les bâtiments actuels datent des XVIII et XIXe siècles.

Quatre moines et deux étudiants occupent le monastère. Les étudiants ont entre 16 et 20 ans. Ils vont ensuite à l’université et, pour devenir prêtre, ils doivent se marier.

Nous repartons en direction de Roski slap en faisant un arrêt pour voir le monastère dans son bel environnement, dominant la rivière Krka.

Deuxième étape : Roski slap

Nous reprenons la route pour une trentaine de minutes afin d’explorer le secteur de Roski slap. On y découvre 12 mini chutes d’eau successives dues à la formation de travertin, enserrées dans une gorge profonde.

Un escalier de 517 marches permet d’atteindre la grotte préhistorique d’Ozidjana Pecina située en haut de la montagne et, accessoirement, d’avoir une vue plongeante sur les chutes dont on mesure mal l’étendue lorsqu’on est au ras de l’eau, du fait de leur petite hauteur. Nous n’allons pas jusqu’à la grotte et, du haut des 455 marches montées, on a déjà une belle vue d’ensemble.

Je dois avouer que, même d’en haut, on ne distingue pas vraiment les 12 chutes noyées dans la végétation. Mais la vue sur la rivière est jolie.

La grande chute de Roski slap n’est pas très fournie à cette époque de l’année et on ne peut l’approcher qu’en bateau. On la voit à peine sur ma photo :

On passe devant les anciens moulins occupés par des restaurants et boutiques de souvenirs.

Bon, Roski slap ne m’a pas enthousiasmée. C’est mignon mais pas transcendant.

Troisième étape : Skradinski buk

C’est l’endroit le plus visité du parc de Krka. On l’a gardé pour la fin en espérant être plus tranquilles et je crois que le pari est gagné, même si nous ne sommes pas seuls. Un chemin de 3 km permet d’accéder au parc mais nous prenons l’option navette.

Les chemins en bois ondulent le long de la rivière et des petits lacs formés par les barrières de travertin, c’est charmant, l’eau coule de tous les côtés. De près ou de loin, les cascades s’entendent et se découvrent à travers la végétation.

Là on peut clairement voir ce qu’est une barrière de travertin. L’eau de pluie chemine dans la roche calcaire, entraînant avec elle des sédiments qui se déposent sur les algues et la mousse. Au bout d’un certain temps, cela forme une barrière qui donne naissance à un lac et à une chute d’eau tout du long.

Un Martin pêcheur pas craintif

Le clou de la visite sont ces spectaculaires chutes d’eau :

Depuis le 1er janvier 2021, il est interdit de se baigner au pied des cascades et c’est tant mieux ! Tant mieux pour l’environnement surtout et aussi pour les photos qui ne sont plus gâchées par tous les touristes en maillot !

Avant

Fatigués de notre journée, nous apprécions de loger à l’hôtel situé juste à l’entrée du parc. Une bonne nuit nous fera du bien car, entre le vent qui nous a empêchés de dormir à Dubrovnik et l’orage la nuit dernière, on a grand besoin de dormir !

Ston et Mali Ston

L’aventure se poursuit au volant de notre voiture de location, récupérée ce matin chez Avax. Nos jambes vont se reposer un peu ! Nous profitons de notre nouveau moyen de locomotion pour monter au sommet du mont Srd d’où on bénéficie d’un superbe point de vue sur Dubrovnik et les îles. A pied, ça aurait été exténuant !

En contemplant cette vue imprenable, on ne peut s’empêcher de penser au siège de Dubrovnik durant la guerre d’indépendance. Pour sûr, les soldats Yougoslaves avaient là une base de pilonnage stratégique, un emplacement de choix pour bombarder.

Nous mettons ensuite le cap au nord, avec l’objectif d’atteindre Dvrenik cet après-midi. Mais avant cela, j’ai prévu une étape dans deux jolis villages fortifiés.

Les impressionnantes fortifications qui relient les bourgades de Ston et Mali Ston ont été édifiées à l’époque médiévale, pour protéger les salines très convoitées de la presqu’île de Peljesac. Un exploit pour l’époque ! Elles mesuraient alors plus de 7 km de long ; il en reste encore 5 km intacts aujourd’hui, ce qui en fait la plus grande muraille d’Europe (et la 2e du monde après l’inégalable muraille de Chine).

Vue la chaleur (38°!), on renonce à monter les interminables escaliers qui composent la majorité du parcours entre les deux villes. Je n’ose imaginer le calvaire des gardes qui devaient arpenter ces remparts exposés au soleil et à flanc de montagne. Eux ne devaient pas être vêtus d’un petit short et d’un léger débardeur qui laisse passer l’air ! On se contente de la vue depuis Ston.

En prenant de la hauteur on aperçoit les salines

Après Ston, on s’arrête à Mali Ston (petit Ston). Déjà que Ston n’est pas bien grande…

Pour rejoindre Dvrenik, il faut traverser la Bosnie-Herzégovine pour un trajet d’à peine 10 km, avant de rentrer à nouveau en Croatie, et donc passer deux frontières. Lors de la dislocation de l’ex Yougoslavie, la Bosnie a négocié un accès à la mer, coupant ainsi la Croatie en deux parties. Mais bientôt, il ne sera plus nécessaire de transiter par la Bosnie car un pont a été construit par la Croatie – financé à 60 % par l’Europe – pour contourner la frontière. Le pont a été inauguré fin juillet 2021 mais l’autoroute n’est pas encore terminée.

On fait la queue une dizaine de minutes et on passe rapidement après un rapide contrôle des passeports.

On profite de la piscine de la résidence et du soleil croate, puis on parcourt 300 mètres à pied pour découvrir ce petit village côtier de Dvrenik qui n’est pas dénué de charme. Un apéro et un repas en terrasse sur la plage clôturent la journée. On aime bien l’ambiance familiale et vivante de cette petite station balnéaire. On est bien là !

Dubrovnik, la perle de l’Adriatique

A l’extrême sud de la Croatie, coincée entre le Monténégro et la Bosnie-Herzégovine, se trouve la ville de Dubrovnik. C’est ici que commence notre road trip d’une dizaine de jours.

Partis de Bordeaux, nous sommes arrivés hier soir (21 août 2021) avec 20 minutes d’avance sur l’heure prévue. Pour la ponctualité, Volotea marque des points. En revanche, pour un vol qui partait à 19h30, la moitié du menu était indisponible et nous n’avons pu manger que des Pringles. Nous avons pris un taxi (plutôt beau gosse 😉 et avec qui on a appris les rudiments : dober dan, hvala, dovidenja) et à 22h30 nous étions à l’appartement.

La vieille ville de Dubrovnik est un bijou parfait posé sur des falaises en surplomb de l’Adriatique. De notre appartement situé sur les hauteurs de la ville, on aperçoit déjà ce qui fait sa beauté : les pierres couleur miel, les toits enchevêtrés, les clochers, les ruelles pavées, les remparts puissants qui dominent la mer, toutes les nuances de bleu de l’Adriatique et l’île Lokrum. Son histoire tumultueuse ajoute sûrement un brin d’émotion, car on ne peut occulter son passé douloureux quand on visite cette ville dont la devise est « La liberté ne se vend pas, même pour tout l’or du monde ».

Vue depuis notre appartement

Premier jour à Dubrovnik

Avec Laurent, on part au supermarché situé à 5 minutes à pied pour acheter de quoi faire un petit-déjeuner. Comprendre la composition des différents pains est une gageure ! Le Croate est incompréhensible pour nous. En remontant vers l’appartement, on prend notre première suée de la journée et ce ne sera pas la dernière…

Déambuler dans les ruelles escarpées de Raguse est épuisant mais leur étroitesse nous préserve du soleil déjà bien cuisant ce matin.

Ce point de vue est intéressant pour deux raisons : on pensait naïvement que la vieille ville était à plat mais visiblement ce n’est pas le cas, on constate que de belles montées nous attendent ! On remarque aussi très nettement, à droite, le rocher originel sur lequel s’est construite l’ancienne Raguse.
La porte Pile, entrée nord de la ville, et son pont levis.

Un peu d’histoire… Au VIIe siècle, une attaque des Slaves oblige les habitants de la cité d’Epidaure à se réfugier sur le rocher de Raguse. Ils entreprennent de construire des remparts qui ne cesseront d’être modifiés et renforcés au fil du temps. Au XIIe siècle, la localité de Dubrovnik, sur le continent, fusionne avec Raguse et le chenal qui les sépare est comblé, formant ainsi la rue la plus large et la plus commerçante de la vieille ville (Stradun).

Au bout de Stradun, une porte permet d’accéder au vieux port et de contourner un peu les remparts au pied desquels une sorte de plage est aménagée dans les rochers. Il fait une chaleur avec la pierre qui réverbère le soleil… si on avait apporté les maillots qui sont restés à l’appartement, on aurait bien plongé !

La cour intérieure du palais des recteurs. Les recteurs étaient les gardiens de la ville, les seuls à en avoir les clés.

Avec cette chaleur, on profite des fontaines pour recharger les bouteilles d’eau fraîche. La grande fontaine d’Onofrio est le point de ralliement et de ravitaillement de tous les touristes et des locaux aussi. Construite au XVe siècle par l’architecte Onofrio della Cava, elle est l’aboutissement d’un aqueduc reliant la rivière Dubrovacka à la vieille ville.

Les chats ne sont pas fous, ils ne cavalent pas comme nous. En ce début d’après-midi bien chaud, ils sont à l’ombre, en mode chill !

Mais il fut une période où la sieste était était bien moins sereine. La ville a largement été bombardée lors de la guerre d’indépendance de la Croatie, entre 1991 et 1995. Positionnés sur le mont Srd, les soldats de l’armée nationale Yougoslave ont assiégé la ville pendant 7 mois, alors que la marine faisait blocus côté mer. Le but de l’opération, qui s’est déroulée au début de la guerre, était de montrer la puissance de l’armée Yougoslave et de faire un exemple. Dubrovnik, complètement cernée, a perdu 2000 habitants et près de 70% des édifices de la vieille ville auraient été touchés par les tirs d’obus. Aujourd’hui il ne reste quasiment aucune trace de ce carnage. L’ancienne Raguse a retrouvé sa superbe.

Après une petite sieste, nous retournons en ville pour la soirée. Le coucher de soleil est un peu voilé mais la ville prend de jolies couleurs chaudes. Pour l’apéro, nous traversons les remparts pour nous retrouver au Buza bar, sur une terrasse suspendue face à la mer.

Stradun

J’ai oublié mon téléphone, donc on choisit un resto au hasard alors qu’on a l’habitude de vérifier les avis sur l’appli Tripadvisor avant. Au jeu du plouf plouf ce sera toi… on a fait le mauvais choix ! Après avoir attendu nos plats pendant plus d’1h30 (oui on est très patients quand on est en vacances), nous avons payé nos boissons (c’est seulement là qu’on nous a proposé de changer notre commande, qui n’était toujours pas lancée en cuisine… WTF !!!) et sommes partis. Nous avons jeté notre dévolu et nos derniers espoirs sur un autre resto juste à côté, où nous avons très bien mangé. Les cannellonis au ragoût de bœuf et la pasticada étaient excellents. Donc si vous allez à Dubrovnik, fuyez le Gourmet bar Ginger et allez plutôt à la Konoba Rhea Silvia. Voilà, c’est dit.

Ici, même les chats se couchent face à la mer !

Deuxième jour à Dubrovnik

Pour que la visite de la ville soit complète, il faut faire le tour des remparts. De là-haut, la vue sur les toits et sur la mer Adriatique est forcément splendide. Nous hésitons car le prix est assez dissuasif (27€ par personne). Je demande au caissier si Léo peut bénéficier du tarif étudiant et il me répond que le tarif enfant est valable jusqu’à 18 ans (ça tombe bien, il a encore 18 ans pour 3 jours), ce qui ramène le prix par personne à 16€. Beaucoup plus raisonnable !

On emprunte l’entrée située entre la porte Pile et le monastère franciscain. C’est parti pour une balade aérienne par 35° en plein soleil !

Stradun, la rue principale
Le monastère franciscain et la fontaine D’Onofrio
Le fort Lozovac, en face de la vieille ville
Des petits bars avec vue imprenable permettent de faire une pause agréable
Accroché aux remparts, le Buza bar où nous avons pris l’apéritif hier soir
Le vieux port
Le monastère dominicain avec son joli clocher en pierre sculptée…
Et son escalier monumental
Le vieux port et l’île Lokrum
La tour Minceta (au fond à droite) est le point le plus haut des remparts.
Ici ils mesurent jusqu’à 50 mètres de haut.
Vue sur la vieille ville et Lokrum depuis la tour Minceta
Tour Minceta
Le cloître du monastère franciscain

À la fin de cette superbe balade, nous avons dû perdre chacun 1 litre de sueur ! On refait le plein des bouteilles à la fontaine d’Onofrio et partons en quête d’un repas vite fait. Un club sandwich plus tard, on file à la plage au pied du fort Lozovac. En Croatie, les plages sont soit composées de galets soit de chapes de béton. Pas fantastique mais suffisant pour se rafraîchir. La mer est à 25°, c’est parfait. Par contre on s’éclate les pieds sur les galets, ça fait hyper mal !

On prend un verre au bar de la plage en regardant les acrobaties de quelques plongeurs qui sautent depuis la falaise, puis on se dirige vers la petite plage sous la porte Pile. Maintenant nous allons faire travailler nos bras et découvrir Dubrovnik depuis la mer. Ce matin on l’a vue d’en haut, ce soir c’est depuis le bas.

Nous avons réservé une sortie en kayak qui consiste à faire le tour de Lokrum avec pause baignade dans une grotte, puis le retour le long des remparts. Et pour optimiser la journée, nous avons choisi la sortie du soir, au coucher du soleil.

Notre guide s’appelle Mike, il est sympa comme tout et nous apprend plein de choses sur Lokrum et Dubrovnik, y compris sur la guerre d’indépendance qui est pourtant un sujet sensible que les Croates n’abordent pas facilement avec les étrangers.

Au détour de l’île Lokrum, on voit un énorme yacht. Mike nous dit qu’il s’agit du deuxième yacht le plus grand du monde. Il appartient au propriétaire du club de foot de Chelsea. Il y a 9 ponts et 70 personnes qui travaillent à plein temps dessus. Je ne me rappelle plus le prix du plein d’essence mais, avec ça, tu peux acheter une maison !

Pour le coucher de soleil, c’est un peu raté car le ciel est voilé. Mais on profite malgré tout de ce moment paisible au pied des remparts de la belle Raguse. Et on passe encore devant le Buza bar.

Après 8 km en kayak, il reste encore 130 mètres de dénivelé positif pour retourner à l’appartement… On rentre crevés mais ravis de cette journée !