De la Thaïlande à Paris

Vu qu’il nous faut aller à Chiang Maï cet après-midi pour reprendre l’avion et que Chiang Raï est à 3h30 de route de Chiang Maï (ça va, vous suivez ?)… La réception nous réveille à 5h30, à la demande de notre chère guide. Et pourquoi se lève-t-on si tôt ? Pour aller visiter 2 temples. Léo et Axel sont ravis !

Le premier temple est le Wat phra Kaew. Au Laos, temple se dit « Vat » ; en Thaïlande, c’est « Wat ». Tous les temples nommés Vat Phra Keo (comme celui que nous avons visité à Vientiane) ou Wat Phra Kaew ont en commun d’avoir abrité le bouddha d’émeraude qui est aujourd’hui à Bangkok. Ici, il s’agit d’une réplique en jade.
A cette heure matinale, les rues sont encore très calmes et nous sommes les seuls touristes dans le temple. Les extérieurs sont très fleuris, c’est super joli et soigné.
Nous assistons discrètement à l’appel et à la prière des moines dans la salle qui abrite un énorme bouddha en bronze.

A quelques kilomètres à la sortie de Chiang Raï, nous visitons ensuite le temple blanc. Le Wat Rong Khun. Ce temple surprenant est tout récent et pas encore terminé. Il est l’œuvre d’un artiste local de renom, qui voulait rendre hommage au roi Rama IX (décédé depuis en 2016) et à sa ville natale. Il paraît qu’il ne sera pas terminé avant 2070 !!!

On atteint le temple grâce à une passerelle qui enjambe des mains représentant la tentation et/ou l’enfer de ceux qui n’y ont pas résisté. Je vous propose un petit jeu : retrouver, parmi toutes les mains, celle qui fait un doigt d’honneur !
Dans la salle de prière et à l’extérieur, de nombreuses allusions sont faites aux tentations de ce monde et à l’impact destructeur de l’homme sur la Terre. Les traditions bouddhistes se mélangent aux films fantastiques hollywoodiens (Matrix, Star Wars…) et aux Twin Towers détruites par les attentats. C’est… bizarre ! Et comme par hasard, ce temple plait beaucoup aux garçons !

Un peu partout sont suspendus des milliers de pendentifs porte-bonheur. Léo et Axel en achètent un mais veulent le rapporter à la maison.

Le bâtiment des toilettes est particulièrement… doré !
Une petite photo souvenir kitch, à l’image de ce temple !
Nous faisons route ensuite vers Chiang Maï en traversant de jolis villages et des rizières.
Après un déjeuner pas terrible dans une usine à touristes (le Flunch local, en quelque sorte), la guide nous emmène dans une fabrique artisanale de soieries. C’est l’occasion de voir enfin les femmes travailler sur les métiers à tisser… et pour notre guide, de toucher sa com sur les achats ! Tout ce que je déteste dans les voyages en groupe !
Nous arrivons à l’aéroport en milieu d’après-midi pour prendre l’avion à 17h40. Retour en France via Singapour, comme à l’aller, avec Singapore airlines (au top cette compagnie !).

Voici l’heure du bilan venue.

Notre ressenti est assez mitigé, en grande partie à cause du « format » du voyage. Le Laos est un joli pays, accueillant et tranquille, presque confidentiel, mais qui se visite en individuel, pas en groupe. Le circuit proposé par le CE était alléchant sur le papier mais finalement un peu mensonger. Plusieurs visites sont passées à l’as car elles tombaient un dimanche ou un jour férié. Une bonne agence aurait anticipé ces « détails » mais pas ASEV Travel ! Notre guide, Vic, a été vraiment au top, très pro, super gentil et a essayé de rattraper comme il a pu ces défaillances de l’agence. Heureusement qu’il était là.

Les temples et les paysages sont beaux, très beaux même, mais les sites d’intérêt sont relativement éloignés les uns des autres et, vu l’état des routes, tout déplacement prend trois plombes (surtout en bus !). L’offre touristique est peu développée et, au départ, c’est ce qui nous a décidé à aller au Laos ; l’inconvénient, c’est qu’on s’est parfois ennuyés mais si nous avions été autonomes cela aurait été différent puisque nous aurions fait nos propres choix de visites et aurions pu nous arrêter où bon nous semble. Nous avons trouvé l’authenticité que l’on attendait d’un pays encore préservé du tourisme de masse. Nous avons apprécié le contact facile et désintéressé avec les laotiens. Nous avons vu aussi beaucoup de pauvreté et nous sommes parfois sentis gênés en traversant certains villages. C’est là que le Polaroïd et les frisbees nous ont rendu un grand service car on a pu nouer un bref échange et se sentir moins voyeurs. Encore une fois, le fait d’être en groupe a sûrement exacerbé ce sentiment de voyeurisme ; ce n’est pas pareil quand on débarque à 4 ou à 40 dans un petit village ! D’ailleurs, à Lombok, nous ne nous étions pas sentis gênés du tout quand nous avions visité le village et l’école de Segenter juste en famille.

Les enfants ont une analyse opposée à la nôtre ! Le voyage en groupe, ils ont adoré. Ils se sont fait des potes et ont aimé les visites. A partir du deuxième jour, ils ont squatté le fond du bus, mangé ensemble à chaque repas, partagé le même tuk tuk… Bref, ils ont vécu leur propre voyage, un peu en parallèle du nôtre ! Leur âge (et les frisbees) ont facilité les contacts avec les enfants laos. Et au final ils ont passé de super vacances !

En tongs sur le Mékong… on s’taille en Thaïlande…

J’arrête là les jeux de mots foireux derrière lesquels se cache toutefois la réalité : aujourd’hui, nous passons bien la journée à naviguer tranquillou sur le Mékong, donc on troque les chaussures de rando contre nos tongs. Et nous nous rendons bien en Thaïlande où nous devrions arriver en fin d’après-midi.

Encore une journée à écouter et regarder le riz pousser…

En se levant, on aperçoit notre bateau qui nous attend.
Et juste en face, les éléphants prennent leur bain.
Côté paysages, ça ne change pas beaucoup, si ce n’est que les montagnes se font plus basses et donc plus cultivées que sur la partie en aval de Pak Beng.

On croise des restes d’offrandes coincées dans les rochers.
Pour se dégourdir les jambes, on s’arrête dans un village Khamu où l’on retrouve les mêmes maisons en bambou et bois de teck, les mêmes greniers à riz et les mêmes bouilles d’enfants que dans les autres villages visités auparavant.

Régulièrement, les femmes du villages doivent ouvrir les sacs de riz stockés dans les greniers comme sur la photo au-dessus, afin d’aérer le riz qui se gorge d’humidité et finirait par pourrir. Elles étalent le riz sur des bâches ou des nattes en bambou et le laissent sécher au soleil avant de le remettre dans les sacs.

On débarque côté Laos et on passe la frontière en 1 heure avant de monter dans un bus qui nous emmène à Chiang Rai en 1h30. A part le marché de nuit où je négocie encore un bouddha (ça m’en fait 4 !), nous ne verrons pas grand-chose de la Thaïlande ce soir. En revanche, les enfants sont ravis car il y a des pommes de terre sautées au buffet ; ils en ont ras le bol du riz !

Cornacs et Khamus

Ce matin, on fait grasse mat’
Avec Laurent, on se lève avant les enfants pour aller faire un tour dans le village et au marché. Il n’y a pas un touriste, c’est paisible.
On trouve de tout ici, de la couenne de porc séchée (avec les poils !!! Beurk), du crapaud grillé et même de la Vache qui rit conservée sur une étagère (pourquoi s’embêter à la mettre au frigo !)
L’anglais est parfois approximatif… Allez houst !!
On traverse ensuite le Mékong en pirogue pour aller au Elephant Park, un sanctuaire géré par un groupe français qui tente de sauvegarder les éléphants d’Asie et d’éduquer les salariés à la préservation de l’environnement. Pour l’instant, ils n’ont que trois éléphants à eux et un en location. Ils aimeraient en acquérir davantage mais un éléphant coûte 50 000 $, c’est un sacré budget. Et en plus de l’éléphant, il faut payer le salaire du cornac qui s’en occupe.
Autrefois appelé le Royaume du million d’éléphants, le Laos n’en compte aujourd’hui plus que 500 environ, même si les chiffres plus ou moins officiels annoncent 1500. Ici, ils ne sont pas chassés pour les défenses car elles sont souvent très petites, mais pour leur peau et leur sang que les chinois convoitent pour améliorer leur libido ou guérir le cancer. Encore des conneries qui risquent d’éradiquer une espèce !!

On passe un moment avec les trois éléphantes, le mâle ayant été mis à l’écart momentanément pour cause de musth et donc d’agressivité potentielle. On leur donne des bananes dont elles raffolent, puis on les suit jusqu’au bord du Mékong pour le bain.

Avec notre hôtel, le Pakbeng lodge, en arrière plan :
Ici, pas de promenade à dos d’éléphant à la chaîne, pas de persécution, les animaux vivent en paix. Car, avant de monter sur le dos d’un éléphant, il faut que vous sachiez que dans beaucoup de camps, les animaux ont été dressés d’une manière qui s’apparente à de la torture, en subissant un rituel qui s’appelle le Phajaan. Cela consiste à « briser » l’éléphanteau pour qu’il perde son instinct sauvage et qu’il obéisse aux ordres comme un robot. Selon la croyance qu’on peut séparer l’esprit du corps, les éléphanteaux sont enfermés et attachés dans des cages exiguës, privés de nourriture, puis torturés à coups de piques pendant plusieurs jours. L’animal ressort soit mort soit complètement soumis et empreint de la peur de l’homme. Il est alors prêt à être dressé pour les travaux en forêt ou pour amuser les touristes. La plus vieille des éléphantes (48 ans) a subi ce genre de dressage pour effectuer des travaux en montagne et elle est en effet beaucoup plus docile et abîmée que la plus jeune (25 ans) qui a son petit caractère et amuse la galerie. D’ailleurs, elle se mouche sur moi au moment où je lui donne ses bananes ; je suis crépie de morve d’éléphant !!

Après le déjeuner, nous partons avec notre guide et deux accompagnateurs locaux pour une randonnée dans la jungle jusqu’à un village Khamu. Léo et Axel, ayant entendu qu’il y a des sangsues dans la forêt, préfèrent rester à l’hôtel avec leurs copains. Encore une fois, ça grimpe, ça glisse, il fait chaud, c’est dur, mais c’est beau !
L’humidité et la pénombre qui règnent dans la forêt favorisent la présence de sangsues de terre qui nous grimpent dessus. Il faut être vigilant pour les virer de nos chaussures avant qu’elles n’atteignent la peau pour nous vider de notre sang ! On se sent comme des aventuriers !

Au bout du sentier, nous arrivons au village. S’en suit une nouvelle séance de frisbee avec les enfants qui sont très réceptifs. J’ai vraiment eu une bonne idée en emmenant ces trucs ; ça ne prend pas beaucoup de place dans les valises, ça permet de créer un échange sympa et de faire plaisir aux petits en leur offrant autre chose que des stylos.
La journée se termine autour d’un lao lao coco, la pina colada à l’alcool de riz, avec un beau soleil couchant sur le Mékong.

Pak Ou et Pak Beng sur le Mékong

Ça pourrait ressembler à une blague de toto : Pak Ou et Pak Beng sont sur le Mékong, Pak Ou tombe à l’eau, qu’est-ce qui reste ?… pas grand chose ! Mais fort heureusement, Pak Ou n’est pas tombé à l’eau !

Nous embarquons de bonne heure sur un bateau lent qui nous emmène aux grottes de Pak Ou. Ce sont deux grottes sacrées, creusées dans la falaise, au confluent du Mékong et de la Nam Ou. Ce haut lieu de pèlerinage bouddhiste renferme des milliers de statuettes de bouddha. Il y en aurait entre 4000 et 5000. Pour certaines, on se demande comment les fidèles ont pu aller les déposer aussi haut dans les grottes, dont les rochers sont recouverts de mousse glissante.

La première grotte est éclairée par la lumière naturelle mais la deuxième, beaucoup plus profonde, est très sombre. Même à la lampe torche, il est difficile de bien voir les statuettes. Certaines sont magnifiques, dorées avec des détails en strass. La montée vers cette deuxième grotte est éreintante. Il y a beaucoup de marches irrégulières et, avec la chaleur qui avoisine les 40° et l’humidité, on sue comme jamais ! On va avoir des cuisses et des mollets en béton à la fin du séjour ! Avec toute l’eau que l’on perd en transpirant, on aura bien mérité une petite bière bien fraîche pour se remettre !
Notre croisière sur le Mékong débute ensuite pour rejoindre Pak Beng, à mi-chemin entre Luang Prabang et Houey Xay à la frontière Thaïlandaise.

Le programme du reste de la journée, c’est écouter et regarder le riz pousser… C’est à dire ne rien faire, suivant un dicton laotien ! Les enfants ont bien compris le concept et adoptent immédiatement ce fameux dicton en faisant la sieste sur le pont du bateau. Nous, on se contente d’observer les paysages et quelques rares scènes de vie sur les berges où il n’y a pas grand monde. Les Laotiens eux aussi doivent être en train d’écouter et regarder le riz pousser !

Belle vue sur le Mékong depuis le balcon de notre chambre à Pak Beng :
Après le dîner, nous allons déposer une offrande composée de fleurs sur le fleuve (ce sont les femmes de l’hôtel qui les ont préparées pour nous) et chaque villageois fait de même. La pleine lune située entre fin octobre et mi-novembre marque la fin de la saison des pluies et du Carême et, à cette occasion, il y a une grande fête des lumières. A Vientiane et Luang Prabang, c’est vraiment la grosse fête (pas de chance, on a quitté Luang Prabang ce matin !), avec courses de pirogues et de nombreuses lanternes et radeaux lumineux déposés sur le Mékong. Ces offrandes en hommage à la mère des eaux sont censées emporter les malheurs.

Tad Kouang Si

Cette nuit, un orage violent, accompagné d’une pluie incessante qui a dû faire monter le niveau du Mékong d’1 mètre, a secoué la ville de Luang Prabang et perturbé notre sommeil. De 23h à 6h, les éclairs, la pluie et le tonnerre n’ont pas cessé.

Fatigués, nous prenons la route pour Ban Ou, village d’artisans d’art, mais c’est jour férié pour les bouddhistes et donc ils ne travaillent pas ! Nous ne verrons donc pas les femmes tisser ni les hommes sculpter le bois. Seule une dame accepte de nous montrer la fabrication artisanale de papier de mûrier décoré. Les branches de mûrier sont cueillies dans la forêt, puis on en recueille le cœur qui macéré dans de l’eau devient de la pâte à papier. Décoré de fleurs et feuillages, le papier sert à fabriquer des carnets, lampes, etc.

Un peu plus loin, on s’arrête dans un village Hmong qui vit de la vente d’artisanat et notamment de tissage. La pluie de la nuit a détrempé le sol et le passage des scooters a creusé de profonds sillons dans les ruelles en terre. Je n’imagine même pas l’état du village en période de mousson !

A 30km de Luang Prabang, on arrive au site des chutes de Kouang Si. Le chemin pour y accéder est un peu boueux mais praticable. On déjeune au pied des cascades, puis on profite du lieu qui est très joli. Le seul problème, c’est qu’avec l’orage de la nuit, l’eau est marron au lieu du bleu turquoise habituel. Pas de chance pour nous ! La couleur et l’opacité de l’eau ne décourage pas les plus téméraires qui plongent dans l’eau froide des piscines naturelles.

En temps normal, les chutes de Kouang Si, c’est comme sur la photo juste en-dessous. Le bleu leur va mieux que le marron, non ?
De retour à Luang Prabang, on demande au chauffeur de nous laisser à l’entrée du marché de nuit pour retourner faire quelques emplettes.

J’ai réservé un massage pour 18h à l’hôtel. Pendant une heure, je me laisse pétrir par les doigts expert de la masseuse qui fait un bien fou à mes muscles traumatisés par tous les escaliers montés et descendus depuis le début du séjour !

Retour au marché de nuit après le dîner pour prendre le digestif avec la vendeuse d’alcool de riz… et lui acheter quelques bouteilles au passage 😉