Etosha : on peaufine le casting !

Les jours se suivent et ne se ressemblent pas

Laurent a mal au dos à cause des pistes défoncées, donc aujourd’hui c’est moi qui conduis. Nous partons d’Halali avec nos lunch-packs pour midi, bien décidés à compléter notre casting de stars sauvages. Ben faudra repasser un autre jour pour voir des bêtes ! Il doit y avoir un colloque sur un sujet hyper important auquel tous les animaux d’Etosha ont été conviés… Même les springboks qui se comptent habituellement par centaines ont déserté les plaines !!!

A Homob, Sueda, Salvador, Rietfontein, etc… Y’a presque personne !

Pourtant cet arbre si joli au bord du Pan d’Etosha aurait été tellement plus intéressant avec un lion rugissant en-dessous…

Dans la matinée, on voit juste quelques zèbres et un grand koudou mâle avec ses belles cornes torsadées :

On se console en photographiant les écureuils espiègles qui attendent les miettes de notre repas au point d’eau de Moringa qui est occupé par seulement 3 zèbres.

En milieu d’après-midi, on sent une légère amélioration dans notre quête lorsqu’au détour d’un virage, une girafe nous toise de toute sa hauteur au bord de la piste.

Et en effet, juste après un troupeau d’une vingtaine d’éléphant traverse la savane.

En fin de journée, même le plus simple ou le plus moche des animaux (là clairement le gnou peut se sentir visé ! Cet animal n’a pas été gâté par la nature !) paraît beau avec la lumière dorée du soleil qui décline dans le ciel.

L’oryx est l’animal emblématique de la Namibie, il figure sur le blason du pays.

Le chacal est un animal hyper obéissant et respectueux des règles 🙂

Comme le point d’eau de Rietfontein nous a gâtés hier soir, on décide d’y retourner. Sur la route, un rhinocéros traverse la piste devant nous. On dirait que les mouches ont changé d’âne et que la chance nous sourit finalement !

Comme nous sommes garés sur le côté avec les warnings, un autre véhicule s’arrête. On leur montre le rhino mais il disparaît déjà dans les herbes hautes. Pas toujours évident d’être au bon endroit au bon moment.

A Rietfontein, il n’y a que des zèbres et des springboks – les pauvres, après 2 jours on ne les calcule même plus – donc on fait demi-tour pour retourner à Halali avant le coucher du soleil (après le portail ferme et il est interdit de circuler dans le parc). Sur le chemin, un autre rhino traverse la piste dans l’autre sens que celui de tout à l’heure ! On peut être sûr que ce n’est pas le même car ce dernier a la corne coupée (mesure anti braconnage pratiquée par les rangers).

Au point d’eau d’Halali, la présence animale est fidèle au thème de la journée : « animaux absents pour cause de…? » Il y a que dalle ! Ah si, deux zèbres. On regarde le soleil se coucher et on va dîner (la photo est faite à l’iPhone, la définition est pourrie mais on voit bien qu’il n’y a rien !).

Laurent et moi retournons au point d’eau après avoir mangé : rien, nada ! Ah si, deux chacals. Et pis c’est tout.

Le casting du Roi Lion

Ne voulant pas arriver pas trop tard dans le parc d’Etosha, nous avions dit hier soir aux enfants de mettre le réveil. Sauf que Léo a oublié que son téléphone ne s’est pas mis à l’heure namibienne (juste 1h de décalage). Il sonne donc à 6h au lieu de 7h ! Pas vexés pour autant, ils disent avoir apprécié de voir le soleil se lever et ont trouvé ça « trop beau »… Nos ados lève-tard découvrent le monde !

Bon, en réalité, vous aurez constaté que le casting a déjà commencé. On a déjà trouvé Timon à Rostock Ritz, par exemple. Mais c’est au parc national d’Etosha que se déploie le tapis rouge et qu’on trouve toutes les stars. Celui qu’on espère encore plus que les autres, c’est le roi des animaux, j’ai nommé le lion. Il y en a dans le Damaraland mais ils sont difficiles à trouver. A Etosha, ce n’est pas gagné d’avance d’en voir mais on augmente nos chances.

Après un arrêt techniques (courses et plein d’essence) à Outjo, nous entrons au sud d’Etosha vers 11h. Le point d’eau d’Ombika se situe juste après l’entrée, c’est par celui-ci que nous commençons. Un troupeau de zèbres se balade, mélangé à des antilopes et des girafes. Puis deux autruches se pointent avec, entre elles deux, une quinzaine d’autruchons. Ils sont trop chou en file indienne entre maman et papa !

Nous pique-niquons au point d’eau d’Okaukuejo et là, ce sont trois gros éléphants qui se désaltèrent parmi des zèbres et des oryx qui se baignent. C’est top !

On continue vers Nebrowni. Il y a beaucoup de voitures… c’est signe qu’un gros animal est présent au point d’eau. Ah ben oui, on a trouvé la maman de Simba, à moins que ça ne soit Nala, sa copine ! Une lionne se prélasse et tous les autres animaux sont en alerte, à distance respectable du prédateur. Personne ne bouge. Personne n’ose mettre une patte dans l’eau. Le silence règne. Au moindre battement de cil de la lionne, les autres animaux reculent d’un mètre et se pétrifient ! Malheureusement pour nous, elle ne montre que son dos et ne semble pas vouloir bouger. Ça dort beaucoup un lion !

On continue donc vers Olifantsbad où nous trouvons… un troupeau d’une quinzaine d’éléphants prenant un bain, comme le nom du point d’eau l’indique de façon non fortuite. On ne le voit pas tout de suite car il est complètement immergé à notre arrivée, mais il y a un petit avec eux.

Après leur bain, ils passent juste devant notre voiture avant de disparaître dans la savane. On est aux anges !

Deux véhicules de touristes arrivent à ce moment-là et nous demandent ce qu’il y avait à voir. En deux minutes, le point d’eau s’est vidé de son intérêt. Il est désormais désert. A Etosha, comme ailleurs, il faut réunir plusieurs paramètres pour provoquer la chance de voir des animaux : ouvrir grands les yeux, guetter les signes de la nature (vol de vautours, branchages qui craquent, chacals qui rodent…), repérer des traces de pas ou des crottes fraiches, lire les recueils dans les camps et lodges du parc… et malgré cela, il n’est pas simple d’être là où il faut quand il faut ! Nous en ferons plusieurs fois l’expérience.

A Rietfontein, il y a encore des éléphants un peu excités qui s’aspergent de poussière et un beau rhinocéros noir, tout calme dans son coin.

Juste sur le bord de la piste, monsieur autruche (plumage noir = monsieur ; plumage gris = madame) prend la pause.

Avec la tête :

Sans la tête :

On s’installe pour deux nuits dans un chalet à Halali. Après le dîner, nous allons au point d’eau du lodge qui est éclairé toute la nuit. On y reste environ 1h30 et on voit, dans l’ordre d’apparition : 8 éléphants, 5 rhinos, 2 chacals, 2 hyènes tachetées, encore 2 autres rhinos (une maman et un jeune). C’est top top top !!!

Les photos sont un peu floues mais juste pour vous montrer ce que donne le point d’eau éclairé.

Ces deux-là sont restés face à face pendant au moins 15 minutes en grognant et reniflant bruyamment. Le mâle proche du point d’eau refusant que l’autre vienne boire son eau !

Les gravures de Twyfelfontein et le Vingerklip

Une journée un peu plus cool s’annonce. Nous avons peu de route à faire comparé aux autres jours. On prend notre temps au buffet du petit-déjeuner qui est assez copieux, on profite du paysage en se repassant le film de la fin de journée d’hier. Quelle chance d’avoir vu ce troupeau d’éléphants du désert dans des paysages aussi merveilleux !

Vers 9h on se met enfin en route, juste pour parcourir les 2 ou 3 km qui nous séparent du site des gravures rupestres de Twyfelfontein. Ce site est inscrit sur la liste du patrimoine mondial par l’Unesco. Ce sont bien des gravures, et non des peintures, faites par les Bushmen il y a 2000 à 6000 ans. Ils ont gravé le sandstone du Damaraland (sable solidifié) avec du quartz pour communiquer entre familles et aussi enseigner la chasse aux plus jeunes. Les Bushmen étant des nomades, ils gravaient ce qu’ils avaient trouvé comme gibier à chasser, les sources et points d’eau qu’ils avaient localisés, pour que les familles qui passeraient plus tard aient l’information.

Les gravures sont là, sur le flanc de cette montagne de rochers rouges. Sur le rocher ci-dessous, on voit des gravures d’empreintes de pas à côté des animaux. Les bushmen enseignaient ainsi aux jeunes comment reconnaître et associer une empreinte à une animal.

Cette dernière gravure est l’une des plus surprenantes. Il s’agit d’un lion dont les pattes et la queue se terminent par des mains… la marque du chaman !

Un agame des rochers se fait dorer la pilule au milieu des gravures. Ces lézards sont particulièrement beaux, ils ont la tête et la queue orange et le corps violet.

Pour nous rendre à Ugab Terrace Lodge, nous prenons des pistes D plutôt que la piste principale C39. Ca ne roule pas trop mal et nous traversons plusieurs fermes avec des bergeries faites de bois et de terre. A un moment, je sors de la voiture pour prendre une photo et un petit garçon m’interpelle. Il doit avoir 3 ans. Sa mère et sa grand-mère sortent à leur tour de la petite maison qu’ils habitent. Il me fait un sourire timide quand je lui tend deux petites voitures en plastique et un grand au revoir de la main quand nous partons. Dans les champs, sur les bords des routes, tous ceux que nous croisons nous font un signe de la main et un sourire.

En chemin, on croise de nouveau des babouins. Ils déguerpissent dès qu’on arrête la voiture. pas facile de les photographier ces singes !

Pour arriver au Vingerklip, nous prenons encore une piste D, beaucoup moins roulante cette fois. Les passages dans le lit de la rivière à sec nous secouent et il y a pas mal de caillasse.

Le Vingerklip est une curiosité géologique qui fait partie des sites emblématiques de Namibie. Comme un doigt levé vers le ciel, ce rocher qui menace de tomber à tout moment ne mesure que 35 mètres de haut mais on le voit de loin et les paysages environnants ne sont pas sans nous rappeler Monument Valley. Un Monument Valley africain, avec des babouins, des girafes et des antilopes. C’est très chouette comme coin.

Notre lodge est perché en haut d’une falaise. Le chemin d’accès est impressionnant. On ne sait pas quel est le pourcentage de la pente mais on ne voit même plus le capot de la voiture et encore moins la route en montant. Par contre, une fois en haut, ça vaut le coup d’oeil !

Pour l’eau chaude de la douche, le personnel allume un feu à l’arrière de chaque bungalow pour chauffer un ballon d’eau individuel. Ca fonctionne super bien et, au moins, le voisin de chambre ne peut pas piquer notre eau chaude. chacun son ballon !

Dans le Damaraland il y a…

… de magnifiques paysages et surtout des éléphants du désert !

A cette saison, c’est sûr, les éléphants sont dans le coin, à la recherche de nourriture et d’eau dans le sable des rivières asséchées. Il faut juste avoir un peu beaucoup de chance pour tomber dessus !

En préparant notre circuit, j’ai lu plusieurs récits de voyageurs qui ont sillonné les pistes et les lits des rivières avec leur propre 4×4 pour trouver eux-mêmes les pachydermes tant convoités. Ça doit être grisant de les trouver et d’être seul à les contempler. Sinon il y a la possibilité de faire une sortie en 4×4 ouvert, organisée par quasiment tous les lodges du Damaraland pour leurs clients. Nous, comme on est trop des aventuriers :-), on a choisi la sortie avec le lodge ! Disons que c’est moins hasardeux et on préfère s’appuyer sur l’expertise d’un guide que sur notre bonne étoile.

Nous partons à 8h d’Omandumba et, après 4 heures de route très jolie au début dans les monts Erongo, ça devient moins agréable (encore beaucoup de tôle ondulée sur la fin). En arrivant à Twyfelfontein, nous sommes surpris par la température. Il fait 36° ici alors qu’avant-hier, on quittait Swakopmund sous 6° seulement le matin !!

Sur la piste, les camions et les 4×4 côtoient les charrettes tirées par des mules et même des piétons.

On lézarde au magnifique bar du Twyfelfontein Country Lodge le temps de pique-niquer et d’attendre que notre chambre soit prête.

Ça c’est notre chambre :

A 15h, c’est le rendez-vous pour LA sortie que j’attends depuis si longtemps. Celle qui nous permettra peut-être de rencontrer des éléphants en liberté, même pas dans une réserve mais dans les somptueux paysages rougeoyants du Damaraland.

Au bout d’une heure et demi à être ballotés dans les énormes véhicules du lodge (ils ont 65 ans ! Ils datent de la seconde guerre mondiale !), l’un d’eux s’arrête à cause d’une crevaison. Ils ont beau avoir de gros pneus, les pistes de caillasse ne pardonnent pas. L’un des guides part alors à pied sur une colline pour tenter de repérer les éléphants. On se dit que c’est foutu. On ne les verra pas.

C’est alors que le guide nous fait de grands signes et nous crie de retourner vite dans les voitures car il a aperçu les éléphants et qu’il faut contourner la colline par le lit de la rivière. Ça y est, on y croit de nouveau, l’espoir est revenu. Et là, tout à coup, on les voit. J’en ai les larmes aux yeux (ben oui, 30 ans que je rêve de cette rencontre !). Ils sont 17 avec un petit de 2 ans et deux autres d’un an. Beaux et majestueux. C’est génial.

Nous avons eu beaucoup de chance car le troupeau était prêt à passer dans un étroit goulet entre deux montagnes et alors le guide n’aurait plus réussi à les voir depuis sa colline.

L’excursion comprend un sundowner, un apéro au soleil couchant. Il nous faut donc quitter les éléphants. Les voitures filent à toute vitesse car la quête des pachydermes a pris du temps et le soleil décline rapidement. C’est l’un des plus beaux couchers de soleil que nous ayons vu. Les couleurs sont flamboyantes, allant du orange au violet.

Afin de clore dignement cette journée exceptionnelle, nous prenons une bonne bouteille de vin blanc sud africain pour arroser un bon dîner. Nous goutons pour la première fois du crocodile. Ouais, bof ! Le koudou c’est meilleur. Et on s’endort en faisant de beaux rêves.

Rencontre avec les Bushmen dans l’Erongo

Ça caille un peu sous le boma ce matin pour le petit-déj !

Mais il y a de jolis oiseaux. Des Rosy-faced lovebirds.

Après un bon café accompagné d’œufs brouillés et bacon, nous allons nous balader à Bulls Party, toujours sur la propriété d’Ameib Ranch. Il s’agit d’un amoncellement de boules de granite. Un peu grosses pour une partie de pétanque tout de même ! La balade est très agréable et, en chemin, on croise de nouveau des girafes et un girafon caché dans la végétation. Ça fait tout drôle de rencontrer ces grand animaux quand on est à pied !

Ensuite nous allons explorer Philip’s Cave, une petite grotte nichée dans la falaise, qui abrite des peintures rupestres faites par les Bushmen, dont deux éléphants blancs. L’un est un peu effacé mais on voit encore bien le second ainsi qu’une girafe et une scène de chasse. Là aussi la vue sur la savane est sympa. Par contre, ça se mérite ! La grimpette est un peu raide à travers les rochers et il commence à faire chaud.

Philip’s cave : au quatrième rocher tout là-haut, tournez à gauche !

On quitte Ameib Ranch, qui nous a enchantés, vers 11h pour juste 1 heure de route vers la ferme Omandumba. On pique-nique sur notre terrasse face à la savane et aux monts Erongo, puis nous allons à la rencontre du peuple San, les Bushmen.

Une famille (grande famille !) nous montre le mode de vie ancestral de ce peuple de chasseurs-cueilleurs. Aujourd’hui, plus aucun Bushman ne vit comme cela mais les anciens tiennent à ce que les nouvelles générations n’oublient pas les traditions et continuent de transmettre leur philosophie de vie. Pour montrer leurs savoir-faire et les enseigner aux jeunes, des démonstrations ont lieu dans plusieurs endroits du pays sous la forme de « living museums ». On nous montre donc comment faire du feu avec deux morceaux de bois (en 2 minutes chrono !), comment fabriquer un piège pour chopper des pintades, un autre piège pour les antilopes, la chasse au tir à l’arc, la fabrication de bijoux en coquille d’œuf d’autruche, et enfin deux petites danses pour célébrer la pluie et la première chasse fructueuse d’un jeune Bushman.

Tout est expliqué en anglais par un homme de la famille mais lorsqu’ils parlent entre eux, on entend les fameux kliks. Cette langue est impénétrable pour nous.
Ces hommes et ces femmes quittent leur costume en fin de journée mais on sent que, bien que la modernité les ait rattrapés, ils font corps avec la nature, la comprennent et en tirent parti mieux que quiconque. Comme la plupart des namibiens, d’ailleurs, qui ont grandi avec l’idée que la nature ici est tellement immense, pure, puissante et utile qu’elle représente une richesse qui mérite un grand respect.

En fin de journée, Léo a eu droit à sa première leçon de conduite sur la piste de la propriété d’Omandumba… avec volant à gauche en plus ! Bon, c’est pas gagné pour la conduite accompagnée l’an prochain mais il a quand même su gérer deux virages (en première car le passage en seconde était trop compliqué) !

Sur la piste, ce panneau n’annonce pas un danger pour moi mais que de l’espoir :

On apprécie de se poser un peu après près d’une semaine de circuit à un rythme soutenu. Un apéro face à la savane au soleil couchant, c’est une magnifique récompense qui ponctue un magnifique voyage dans une ambiance africaine très cool. Les namibiens sont souriants et très sympas, nous adorons ce pays.

Au dîner, tous les clients mangent à la même table avec le nouveau patron de la ferme. Heureusement que des Suisses allemands parlent un peu avec nous parce que tous les autres, y compris le patron, parlent en allemand et forcément on ne comprend rien. Pas très convivial pour nous du coup !